La nature réinventée

Par Marie-Jo Leblanc (mai 2008)

Dans votre main, vous tenez un caillou que vous dites joli. Vous entrez en contact avec sa surface. Vous le tournez entre vos doigts, attentif à ses teintes et ses reflets. Mais, fugaces, vos impressions restent indicibles.
Christiane Bruley, elle, sait les exprimer.

Et bien plus encore…

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Par le pinceau sur la toile, le caillou révèle toute son essence. La sensualité et la sensibilité de l’artiste démultiplient tout…Le caillou devient à lui tout seul le monde minéral. Vous allez tourner autour, le regarder sous tous les angles à la fois, sous tous les éclairages, le voir à différents moments de son histoire, vous éloigner de lui, vous rapprocher…

Jusqu’à y entrer...

Christiane Bruley raconte la matière dans sa totalité. Quand ce n’est pas la pierre, c’est l’écorce, le feuillage, l’eau ou la glace.
Certains peintres nous apprennent le monde. Christiane Bruley est de ceux-là. Avec elle, la nature se fait plus lisible. Sensation de mieux la comprendre. Comment fait-elle donc?

- Par la couleur d’abord.
Profonde. Comme venue de l’intérieur. Les ocres, orange, verts, bleus ou blancs ont cette belle discrétion des choses du végétal et du minéral, cette étonnante résonance intime. Couleurs mates, sourdes. Pures et complexes à la fois.
La touche est spontanée et dynamique, tout en étant travaillée. Et s’en dégagent d’étonnantes impressions de volumes.

- Les lignes, elles, souvent bousculées ou fragmentées, comme autant de blocs fracturés et enchevêtrés, évoquent des veinures, des fissures, des incrustations, des mouvements internes…

- Et quand Christiane Bruley fait défiler ses variations, là aussi elle visite l’élément à fond. Les images se succèdent. Négatif d’un film qui se déroule. Elle aime ces séries qui sont de véritables introspections au cœur du sujet. Et notre regard monte et descend au gré de ces échelles du temps et de l’espace.
Un même motif est décliné de plusieurs façons. La composition reprend un thème, le traite différemment à chaque fois, tout en le laissant reconnaissable. Toutes les facettes de l’objet sont là. Toutes ses vies. L’œuvre est en mouvement. Un mouvement musical. Jazz ou musique classique accompagnent d’ailleurs toujours l’artiste dans son travail à l’atelier. Et maman est pianiste, papa violoniste…La boucle est bouclée…

- Quant à la matière, elle séduit Christiane Bruley. Son rapport à la matière est instinctif. Elle reconquiert celle de la pierre, de l’écorce ou de l’eau…Quelques froissements, quelques plis, une épaisseur, une granulation….Les sens sont en éveil.
Avec l’artiste, le pigment est déjà en lui-même une consistance vivante, mais elle lui ajoute souvent papier marouflé, poudre de marbre ou sable. Et, outre la toile ou le bois, elle choisit le carton comme support, jouant de son relief tuyauté, de ses stries, de ses alvéoles, de sa souplesse, de ses déchirures naturelles ou provoquées. Un matériau vulgaire soudain sublimé.

Au final, devant une œuvre de Christiane Bruley, les sensations ressemblent bien à celles que l’on peut éprouver devant un élément de la nature. (Le caillou, n’est-ce pas ! Ou autre !) Mais étonnamment plus intenses.

Il y a autre chose, à n’en point douter…On est loin de l’imitation, et peut-être même du processus d’abstraction.

La nature de Christiane Bruley est une nature réinventée.

A propos de Christiane Bruley…

Propos écrits par Christine Camus, lors de l’installation Univers d’Artistes (Parc de la Colombière mai 2004)

C’est un carré de un mètre sur un mètre qui remplit ma rétine. C’est du carton marouflé sur bois. L’ensemble est vif et lumineux.

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L’acrylique vous aspire en un tourment joyeux.

Ce sont des espaces de jaune frayant avec les ocres, des rouges carmin adoucis d’orangés, des crèmes balayés de virgules bleutées.

La plage de couleur à mes yeux ébahis nous offre une sarabande de brosses mélangées.

J’aimerais y voir une toile de bateau, peut-être à cause d’une ligne de partage entre le froid et le chaud.

Ce ne sont que des pommes à l’avenir magnifié par une main d’artiste.
Pommes, racines ou poivrons doux, écorces de bois, galets de Bretagne et vieux cadre vide signent l’univers de celle qui peint.

Univers, mouvements, quotidien balayé par des yeux bleus avides de couleurs, la peinture s’offre à nous dans la crudité nue d’une journée de printemps.

La nature pour donner vie à l'abstraction

Portrait d'art par Jean-Marie Perrot

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